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fin des vacances 2023

Je suis au terme d’une période qui s’est éternisée : mon adolescence, la vie à l’école. Ces deux ans de master à Toulouse sentaient la fin d’une vie, l’attente d’après.

L’école, depuis le lycée, a été une grande souffrance. Je m’y suis senti bête, misérable, maigre, décharné, fourmi. Dans cette course en avant, constamment au bord de l’échec, j’ai passé tant de temps sans être connecté à moi-même, à suivre des chemins par défaut. Je me suis faufilé, comme un rat d’égoût, en trichant aux examens pour compenser ce que je ne savais pas apprendre par cœur, ce que je n’avais pas su travailler chez moi. C’était le seul moyen. J’ai trouvé une voie d’échappatoire dans un master accessible, car il demandait moins d’exercices académiques, même si on s’y sentait toujours comme un écolier — surveillé, testé, humilié.

Où en serais-je aujourd’hui si je n’avais pas triché ? Si je n’avais pas eu de la chance aux sessions de rattrapage ?

Je suis peiné de vivre au hasard, sans être conscient de moi-même et des autres. J’ai besoin de trouver des réponses pour avancer de manière plus assurée. Laisser de la place à l’exploration, à l’expérimentation, à la vie, tout en sachant qui je suis. Avoir l’impression d’être une personne cohérente, de l’enfance à aujourd’hui, sans devoir mettre des morceaux d’identité sous le tapis. Je n’ai passé ma vie qu’à chercher un moyen d’exister ; je voudrais maintenant savoir ce que ça fait de vivre dans une posture plus droite et d’approfondir ce que je suis déjà.

Je rêve d’avoir grandi ailleurs, d’avoir suivi un autre parcours. Il y a certaines choses auxquelles je n’ai pas eu accès que je regrette.

Je ne regrette pas les enseignements manqués ; j’aurais été trop jeune et inexpérimenté pour les comprendre et les faire miens. Je ne regrette pas les opportunités de travail créatif ; cela aurait peut-être été trop dur pour moi, ne laissant pas de place à l’équilibre dans ma vie, me plongeant dans un mal-être jusqu’à éclater et devoir tout reconstruire à zéro.

Je regrette la communauté. Je regrette de ne pas avoir trouvé des gens qui pouvaient m’inspirer, que je pouvais aimer. Je ne les aurais peut-être pas trouvés ; après tout, dans le cinéma par exemple, il y a beaucoup de jeunes pas si intéressants que ça, convaincus d’eux-mêmes alors qu’ils n’ont rien à raconter. Mais quand même. C’est comme du sable qui m’a filé entre les doigts. Il ne me reste que la main.