L’EP Commited Language de Laura Groves a été une grande découverte musicale pour moi récemment.
Ce sont des chansons de folk délicates et magiques, faites de couches de synthé saupoudrées de poussière métallique. Dans ce jeu de textures, la voix éthérée de Groves donne son envol à une musique qui semble comme réincarnée d’une époque révolue. C’est une formule qui pourrait sembler pas si originale que cela, mais qui est si bien amenée que l’album a une aura de classique moderne.
Les articles qui parlent de l’artiste évoquent toujours une ressemblance à Kate Bush, Joni Mitchell et Joanna Newson, dans la composition ou dans la voix. Si elle embrasse clairement ces influences, qui sont sans doute enrichies par un brin de musique impressioniste, Laura Groves parvient à les réinvestir d’un sens nouveau pour former une identité unique, avec sa propre imagerie, ses propres souvenirs.
Avant de publier sa musique sous son véritable nom, Laura Groves vivait dans une sorte de cottage dans le Yorkshire, avec beaucoup d’espace et un jardin. Depuis cet endroit où il ne se passe pas grand chose, elle entama son parcours musical avec un vieux piano et une guitare. C’est autour de la sortie de son EP Thinking About Thinking qu’elle emménagea à Londres. Ce rêve de changement, puis le voyage, et enfin la solitude et le vertige de la capitale ; toutes ces sensations se retrouvent dans sa musique qui apporte une universalité à son histoire.
Par des jeux de superposition, la voix qui vacille et la mélodie qui tourbillonne, Groves me fait vivre son monde désarticulé et son lâcher-prise. Comme si la chanteuse était aussi dépassée qu’émerveillée par les sensations qu’elle exprime, isolée sans doute aussi.
London, I love it, but you feel almost a little bit… adrift.1
Laura Groves a développé un langage qui m’est vrai et clair comme du cristal. C’est une musique à laquelle je reviens lorsque j’ai besoin de me souvenir, d’écouter mes émotions et de trouver la paix.
Notes
- Selim Bulut, « Dollars to Pounds: Interview with Laura Groves », The FADER, le 30 octobre 2013 (archive du 27 novembre 2021) ↩